samedi 9 janvier 2016





De la lutte des classes avec des « syndicats » aux nouveaux rôles des « partenaires sociaux »
Voici un extrait de texte de Patrick LE MOAL (ancien inspecteur du travail) pour comprendre le nouveau rôle des « partenaires sociaux »

« Le mot « démocratie sociale » masque le pouvoir patronal sur l’élaboration des textes applicables. Car il faut dissimuler les responsables des reculs sociaux imposés à celles et ceux qui travaillent. La « baisse de compétitivité des entreprises » est convoquée pour imposer des objectifs de rendements toujours plus inaccessibles, des « efforts » sur les salaires, la durée du travail. Cela dans un pays où la part des revenus détenus par les 1% les plus riches est passée de 7 à12% entre 1980 et 2010. Mais qui va prendre les mesures ? C’est là qu’entre en jeu la fameuse « démocratie sociale ». Ce n’est pas la loi, ce n’est pas l’Etat, ce ne sont pas les patrons : ce sont les « partenaires sociaux » qui vont décider « démocratiquement » de faire travailler plus pour le même salaire, de flexibiliser le travail, et d’engager toutes les régressions sociales.
Or l’entreprise n’est pas un lieu de démocratie et de liberté, les syndicalistes réprimés, les salariés poussé-e-s à bout par les pratiques managériales le savent bien. Les derniers exemples de cette « démocratie sociale » à l’œuvre montrent sa logique. Dans la fonction publique où le gouvernement applique sa réforme malgré le fait qu’elle n’ait pas été approuvée par les syndicats représentant la majorité des personnels, à Air France où la négociation vise non pas à répartir les profits de cette compagnie, mais à imposer aux pilotes de travailler plus pour le même salaire !

C’est élégamment exprimé dans le Rapport Combrexelle : « La question de fond est posée aux organisations syndicales : considèrent-elles que, par nature, la négociation collective est un instrument distributif d’augmentation des salaires, de réduction du temps de travail, d’amélioration des conditions de travail ? Ou admettent-elles qu’elle peut être aussi un instrument adapté dans un contexte de crise économique et sociale ? ».
Négociation : de quoi parle-t-on ? Le rapport de force obtenu par la lutte sociale permet d’imposer des avancées sociales dans la négociation. Mais la négociation à froid, sans rapport de force*, donne aux employeurs non seulement le pouvoir de blocage sur toute avancée sociale, mais les moyens d’imposer des reculs sociaux en amenant les syndicats à négocier  le pistolet du licenciement sur la tempe, violence silencieuse insupportable. Le but du Gouvernement est d’imposer une modification fondamentale de la place de la négociation collective en faveur du patronat ».

*Que devient le rapport de force quand il est bafoué avec des grèves de complaisances  ou des grèves bidon ?
     «  Il faut défendre contre ces projets mortifères l’existence de protections légales qui permettent de protéger d’une concurrence outrancière et assurent un minimum d’égalité entre toutes et tous. Ces protections sont des choix politiques qui concernent toute la société, la convention collective ayant une légitimité complémentaire, un droit des salariés pour la défense de leurs intérêts, et non une machine au service des employeurs ».  

 

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